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La petite fille qui voulait être journaliste

 

Les quelques gamins fougueux, qui jouent devant notre table de presse, vont et viennent, attirés par la pile de nos magazines : Planète J’aime Lire et Planète Okapi. Bleu/blanc à petits carreaux pour les fillettes et kaki uni pour les petits garçons, ces couleurs nous ramènent lentement mais sûrement à l’époque, pas si lointaine, où nous étions sur les bancs de l’école, École privée publique, ici, où les uniformes sont de rigueur dans tous les établissements du pays.

En ce lundi soir, c’est la foule des grands jours des Grands Jours. Un par un, par groupe de deux ou de trois, en se bousculant ou en s’attrapant par la main, les bambins se pressent devant nous.

LES MILLE ET UNE QUESTIONS

« Tonton, je peux lire ? », « Tonton, c’est quoi ça ? », « Tonton, tu fais quoi ? » …les questions tombent sur nous comme les gouttes d’eau un jour de pluie diluvienne.

Les moins pressés prennent le temps de demander « l’autorisation de dévorer » un journal, tandis que les plus fougueux se servent directement dans les présentoirs. L’impatience de découvrir nos nouvelles formules enrichies de nos titres, sans doute…

Une fois munis d’un magazine à feuilleter seul ou entre amis, certains tournent aussitôt les pages. Avec empressement.

CONNAISSEUR CONNAÎT, GAOU PASSE

« Moi je connais Akissi ! », s’exclament les fins connaisseurs des aventures de l’intrépide héroïne de Margueritte Abouet. « Connaisseur connaît » et les gaous [i]passent leur chemin, comme on dit ici, au pays de Drogba. Le bruit des pages qu’ils tournent couvre à peine la douce mélodie des cris d’enfants curieux et éveillés. Et au milieu de ce capharnaüm, une petite fille tressée s’avance timidement vers nous : « Tonton, je peux lire ça ? », en nous tendant un magazine Planète. Elle le prend, commence à lire, puis revient le déposer… au bout de quelques minutes seulement. Puis, la fillette répète l’action encore et encore.

« JE VEUX ÊTRE JOURNALISTE »

Intrigués, nous lui demandons : « Tu veux faire quoi plus tard ? ». Loin d’être intimidée ou de se murer dans un silence de cathédrale parce qu’incapable de prêcher pour sa paroisse, la lectrice passionnée répond : « Je veux être journaliste ! », avant de replonger illico dans son magazine. Le « bravo » que nous lui avons glissé, elle l’a à peine entendu. Trop pressée de se mettre, un peu à l’écart, assise à quelques mètres de notre table de présentation pour dévorer de nouvelles histoires.

Entendre cet enfant nourrir le même rêve que nous, nous a replongé dans cette époque, pas si lointaine, où nous avions son âge. Depuis, nous l’avons réalisé, ce rêve. Gageons que « la petite fille qui voulait être journaliste », y arrive, elle aussi !

Assis, debout, un peu, beaucoup, souvent, magazines, BD, romans, histoires… chers parents, laissez vos enfants lire pour bien grandir.

[i] Mot nouchi qui désigne celui ou celle qui ne sait pas.

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